Étiquettes
autoneige, autoradio, autoroute, Chamonix, télécabine, téléphérique, télésiège
En vacances cet été dans une station qui constitue le berceau de l’alpinisme et du ski français, j’ai été très surprise de voir que le mot « télécabine » était employé au masculin sur quasiment tous les supports d’affichage ou d’information publics de la station : on peut supposer qu’ayant, pendant des années, exploité des téléphériques (nom masculin), la municipalité, la société chargée des remontées mécaniques, leurs agences de communication, que sais-je, se sont tout naturellement imaginé que « télécabine » était du même genre grammatical… mais elles se sont trompées et, si utiliser « télécabine » au masculin est une erreur fréquente, j’ai été frappée ici qu’elle soit en quelque sorte institutionnalisée sur les plans des pistes et autres panneaux d’affichage !
Pourtant, la règle est toute simple : dans tous ces mots composés avec le préfixe télé- (issu du grec « têle », qui veut dire « loin », « au loin », « à distance »), c’est le nom modifié par ce dernier qui préside au choix de l’article féminin ou masculin. Ainsi, « télécabine », « télécommande » ou « télésurveillance » seront du genre féminin, tandis que « télétravail », « téléobjectif » ou « télésiège » seront du masculin.
Cette histoire de télécabines me fait penser à un autre mot parfois entendu au masculin, alors que la même règle s’applique, à cela près que le préfixe est ici « auto- » : il s’agit de la bonne vieille autoroute. Dans ce cas aussi, c’est le nom modifié par le préfixe qui commande le genre et dire « un autoroute » est tout ce qu’il y a de plus fautif.
Notons cependant qu’il existe quelques cas particuliers intéressants : ainsi, si « autoneige » est du féminin, ce n’est nullement parce que la neige n’est pas du masculin, mais parce qu’il s’agit de la contraction de l’expression « auto(mobile pour circuler sur la)neige ». Enfin, si « autoradio » est du masculin, c’est par métonymie, puisque ce terme désigne un « poste de radio pour l’automobile » et que c’est le genre de « poste » qui a été conservé ici. Le Robert précise d’ailleurs qu' »autoradio » est un nom masculin qui s’accorde, alors qu’employé comme adjectif il devient invariable.
Pingback: De l’autoroute à la télécabine « francaissansfautes, Web Academy, webmarketing, réferencement, web 2.0 (Grenoble, Annecy, Chambéry)
Audrey a dit:
J’ai découvert très tard qu’il était possible de dire « un autoroute » car j’ai toujours utilisé le féminin pour ce nom. Je me demande si ce n’est pas mon professeur de français de seconde (que tu connais aussi un peu) qui nous l’avait fait remarquer. Je trouve en effet que c’est pure logique d’utiliser le féminin et ma belle-mère, avec qui nous en discutions, est d’accord avec toi. Pourtant, comme à elle, je t’objecterai que l’usage l’a finalement emporté. Partiellement du moins. Si tu vérifies sur le Robert, auquel tu fais justement référence dans cet article, il te propose les deux genres!! Enfin, c’est le cas de mon petit Robert 1996.
Cela dit, je continue à l’employer au féminin et lorsque l’occasion se présente (et c’est déjà arrivé plusieurs fois) j’explique à mes petits élèves que ce nom a les deux genres. C’est le « genre » de bizarreries qu’ils adorent. Que dire d' »amour » qui, au pluriel, change de genre! Il ne me semblait pas que la multiplication des amours était chose particulièrement féminine, mais c’est peut-être ce que les poètes ont voulu se faire croire pour se donner des airs encore plus malheureux.
Anasta a dit:
Mon coeur et mon esprit tendent à épouser l’approche de M. Goose sur le sujet du télécabine :
Cliquer pour accéder à goosse100499.pdf
Pour moi, francophone d’un pays alpin, télécabine est masculin.
Courtoisement